DES SALARIÉS DANS LES CONSEILS D’ADMINISTRATION DES GRANDES ENTREPRISES ?
Suivant la préconisation de Louis Gallois dans son rapport sur la compétitivité des entreprises, il est désormais prévu que dans les entreprises employant 10 000 personnes dans le monde ou 5 000 en France (environ une centaine), un ou deux postes d’administrateurs avec voix délibérative soient attribués aux salariés. Sans en connaître la portée exacte, cet accord marque néanmoins un tournant dans la gouvernance à la française. Aujourd’hui plus de 80 % des entreprises cotées ne comptent aucun administrateur salarié dans leur conseil d’administration, par crainte qu’ils ne respectent pas la confidentialité ou qu’ils n’aient pas de vision internationale et globale. Or l’expérience prouve qu’au contraire des administrateurs indépendants, les administrateurs salariés connaissent très bien l’entreprise de l’intérieur, ce qui permet souvent des choix plus pertinents. Ils sont également souvent plus attentifs à tous les aspects managériaux, culturels ou sociaux de toutes les grandes opérations des entreprises telles que les fusions, acquisitions, grands investissements et réorganisations. Cependant, les observateurs remarquent que la présence d’administrateurs salariés est un atout pour l’entreprise seulement si cette dernière croit réellement que cela en est un et fait ce qu’il faut pour que ce soit le cas, c’est à dire amener les syndicats à monter en maturité et en compétence, notamment en droit et en finance. Ce qui n’est pas gagné, dans un contexte où la loi NRE de 2001, qui impose aux entreprises où les salariés détiennent au moins 3 % du capital d’avoir un représentant des salariés au sein du conseil, n’est pas respectée. Si l’obligation future ne concerne que les grandes entreprises, celle-ci aura au moins le mérite de dessiner les contours d’une nouvelle forme de gouvernance plus représentative de toutes les parties prenantes de l’entreprise. Et incitera peut-être les entreprises de tailles plus modestes à faire de même.
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