MODES DE VIE DU FUTUR : SOBRIÉTÉ ET COOPÉRATION PIVOTS DES SCÉNARIOS LES PLUS PROMETTEURS
Partant de l’incohérence à imaginer une ville durable à l’horizon 2050 sans que les modes de vie en soient profondément transformés, le CNRS, le ministère de l’Écologie et du Développement durable et l’Ademe ont mené un exercice prospectif, inédit en France, qui identifie les variables clés de l’évolution des modes de vie en France, et leurs impacts sur les émissions de CO2 : émergence de nouveaux comportements à travers l’habitat groupé, les régimes alimentaires, les nouvelles pratiques de mobilité, la simplicité volontaire, mais aussi, plus généralement, l’évolution des représentations sociales, des modes d’habiter, de consommer, de travailler, dont les effets sont significatifs sur les consommations d’énergie. Il en ressort cinq visions du futur :
– la continuation actuelle de la « société du consumérisme vert « , scénario tendanciel en regard des modes de vie en Europe. Le maître mot : l’adaptation, au stress, à la pénurie de fonds publics, au changement climatique… doublée de demandes multiformes de sécurité. Les modes de vie sont conformistes et hiérarchisés. Le travail reste une valeur pivot.
– la « société de l’individu augmenté » célèbre l’arrachement au temps et à l’espace. Le nucléaire voit sa part croître dans le système énergétique, les investissements dans la fusion nucléaire se poursuivent, peaux photovoltaïques, smart grids, biocarburants artificiels et agrocarburants se répandent. Une élite de cyborgs bénéficiant de la convergence de technologies NBIC (nano-bio-info-cognitif) coexiste avec des tissus péri-urbains paupérisés et bricolés. La dualisation sociale et environnementale bat son plein, l’extérieur étant dégradé par la crise climatique et écologique et marqué par la fin du tourisme.
– la « société duale de sobriété plurielle » voit les décroissants et créatifs culturels du XXème siècle ouvrir la voie. La sobriété est imposée par la précarité. Les valeurs cardinales sont la tolérance, le pluralisme, la diversité culturelle. C’est l’âge de faire et l’époque de l’exode urbain. 60% de la société du premier monde continue d’alimenter le système économique historique dans les métropoles, tandis que les 40% restant ont décroché, créant de nouvelles formes d’organisation sociale. La montée en puissance du système D amplifie les alternatives. Une centrale nucléaire sur deux n’est pas remplacée car la demande énergétique du second monde a fortement baissé.
– la « société de l’écocitoyenneté » voit la crise climatique induire des formes de pénurie en même temps qu’un système productif vertueux. La prise de conscience de l’impact des modes de vie sur l’environnement a entraîné des changements dans les choix individuels et collectifs : sobriété, agriculture de proximité, décentralisation énergétique, mobilité solidaire.
– la « société âge de la connaissance » se caractérise par le réinvestissement de l’espace public, le retour aux savoirs vivants, des voies nouvelles en agriculture, une descente énergétique, la régression de la consommation, la vigueur de l’autoproduction et une économie plurielle partagée entre travail salarié et bénévolat. Les « grands créatifs » sont les héros de la société.
En conclusion, on note que les technologies seules et la modification des mix énergétiques ne permettent pas d’atteindre le Facteur 4. C’est par l’association d’actions de sobriété, de réduction des besoins et d’une modification des mix et des sources d’énergie que les résultats de modélisation parviennent à atteindre des niveaux de réduction de GES compatibles avec le Facteur4. Les sociétés des trois derniers scénarios sont les plus prometteuses en la matière.
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