LES ECO GUERRIERS, OU L’ACTION DIRECTE AU SERVICE DE LA TERRE
Dans les forêts de séquoias californiennes et sur les mers du Sud, perchés dans des arbres centenaires ou plongés dans des eaux glacées, des guerriers d’un nouveau type élargissent le territoire de la contestation écologique. Défendre les arbres qu’on abat mal, protéger les baleines qu’on tue, militer pour le respect de l’air qu’on respire : la large gamme des actions de ces ecowarriors, ou « insurgés de la Terre », est à la mesure des multiples périls écologiques. Suivre ces ecowarriors dessine un paysage mondialisé, sans frontières, sans cartes, d’une lutte politique qui, fixée sur des terrains diversifiés, repose sur un désir partagé d’activisme, une réflexion argumentée sur la biodiversité et une appréhension lucide du scandale du productivisme. A la fois stratèges dans leurs sabotages et naïfs dans l’expression de leur utopie, ces insurgés ne pensent qu’à la préservation du bien public et à la sauvegarde d’un monde commun, que les Etats impuissants ne peuvent plus garantir. Ailleurs, ces nouveaux guérilleros éperonnent les baleiniers japonais en Antarctique ou s’accrochent au-dessus des voies ferres pour bloquer les trains de déchets nucléaires en Allemagne. Parfois, pour défendre ce à quoi ils croient, certains basculent dans l’illégalité, s’en prennent aux forestiers ou aux exploitants de bois, sabotent des laboratoires de vivisection ou brûlent des 4×4. Ils sont alors forcés à la cavale ou à la clandestinité. Pour le FBI, ce sont des terroristes. L’agence fédérale les a officiellement désignés comme la seconde menace pour la sécurité intérieure des États-Unis après Al-Qaida. Elle fait peser sur ces militants verts une répression féroce et sans précédent. Le Animal and enterprise terrorism act, un volet spécial des Patriot acts américains adopté sous la pression des lobbies industriels, donne désormais la possibilité aux autorités de réprimer toute forme de protestation. Un prétexte donc des États pour criminaliser la désobéissance civile, qui devient un mode d’engagement de plus en plus attractif.
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