RESSOURCES NATURELLES : UNE QUESTION DE SURVIE ET D’IDENTITÉ
Frappés par de graves inégalités et discriminations, menacés par les extractions de l’industrie pétrolière et minière, ignorés du gouvernement, les peuples autochtones, métis et inuits du Canada sonnent la révolte sociale et écologique. Mené par des femmes, leur mouvement multiforme, Idle No More, s’étend des lointaines plaines glacées aux métropoles, en passant par les réseaux sociaux. Sa priorité est de lutter contre les lois anti-environnementales du gouvernement qui, sous la pression de l’industrie des oléoducs, a réduit comme peau de chagrin la protection des milliers de lacs et rivières du pays, limité les processus d’évaluation environnementale préalables à l’exploitation de ressources naturelles, et diminué la possibilité pour les Premières nations d’être consultées sur ces questions. Les réserves indiennes, souvent situées dans de vastes espaces naturels au nord du pays, sont particulièrement menacées par ces nouvelles règles du jeu, comme en Alberta, où sont exploités les sables bitumineux, où elles font venir de l’eau en bouteilles alors qu’elles vivent au bord des fleuves. Au menu des revendications : la révocation de la nouvelle loi qui laisse le champ libre à l’exploitation des ressources naturelles, l’adoption d’un système électoral à la proportionnelle au niveau fédéral, la mise en uvre au niveau canadien de la déclaration onusienne des droits des peuples autochtones, une enquête nationale sur les meurtres et disparitions des femmes autochtones, mais aussi l’intégration de la dette environnementale qu’accumule le gouvernement et les compagnies pétrolières et minières auprès des Premières nations pour faire baisser la bonne note du Canada attribuée par des agences de notation sur les marchés financiers. C’est également une forme de thérapie collective, charriant une fierté identitaire qui relève de la survie. Les marcheurs du mouvement, dont certains étaient dépressifs et toxicomanes, comme de nombreux jeunes Autochtones, ont dit combien la marche, inspirée par les longs trajets à pied que leurs ancêtres accomplissaient pour commercer, avait eu un rôle thérapeutique et identitaire.
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