LES DESSOUS DES LABS
Vous en avez assez des « labs » ? Difficile de vous le reprocher… Sur les dizaines d’annonces régulières de nouveaux laboratoires d’innovation (sociale, numérique, administrative, qu’ils soient d’initiative privée ou publique), combien relèvent d’un « me-too marketing » qui contribue à dévaluer un concept pourtant fertile ? C’est donc avec la volonté d’explorer le travail des « labs » de façon plus approfondie et d’échanger sur les échecs, nombreux mais rarement exprimés, qu’une quarantaine de labs-like du monde entier ont été réunis. Les participants reflétaient une très grande diversité d’objectifs et de thèmes : en Afrique du Sud, Ushahidi anime un logiciel de crowdsourcing, né pour collecter les témoignages de violence envoyés par email et SMS et les placer sur Google Maps ; en Grande-Bretagne, le Finance Lab explore de nouveaux modèles de systèmes financiers au services des populations ; au Cambodge, le Human Centered Innovation Lab co-conçoit des équipements du quotidien avec les habitants. Toutes ces initiatives sont réunies par une volonté de transformation active et « avec les gens », ce sont des plateformes créatives pour expérimenter des solutions en dehors du système dominant. Si leurs temps d’intervention fluctuent, elles utilisent toutes des méthodes comparables (sciences sociales, pratiques ethnographiques, design de service, technologies ), expriment une vraie difficulté à exprimer des valeurs (mettant plus vite en avant les méthodes que le sens), et s’interrogent sur leur business model, l’évaluation de leur impact, et leur passage à l’échelle, qui peut s’envisager de différentes façons. Les labs doivent pour cela choisir le rôle qu’ils veulent se donner (chercher à changer le système, ou développer une aptitude à survivre à côté du système), et donc se prendre aujourd’hui la question type de tous les moteurs de transformation sociale …
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