CE QUE LA VOITURE SANS CHAUFFEUR NOUS APPREND
Pour le responsable du programme de voiture autonome de Google, il n’y a pas de problèmes juridiques et réglementaires liés à la responsabilité, si ce n’est pour les fabricants de voitures. Une raison à la difficulté de passer du prototype à la production de masse, mais pas la seule : les capteurs (caméras, lasers…) et ordinateurs de bords sont pour l’instant trop coûteux pour être largement déployés, l’utilisation d’une voiture autonome n’est pas adaptée en dehors des autoroutes (elle ne saura pas à quel conducteur s’adresse un feu par exemple), et surtout le passage de relai entre le pilote automatique et le pilote humain est problématique. En effet, avec un véhicule autonome, il est très facile de ne plus être concentré et très difficile de le redevenir. L’utilisation des pilotes automatiques dans les avions érode les compétences des pilotes et émousse leurs réflexes, dans de nombreuses entreprises nous prenons des décisions à partir de systèmes qui nous aident, au risque de moins comprendre les risques : l’automatisation nous transforme en observateurs, inhibant le développement de nos compétences. L’autre révélation que nous apporte le cas de la voiture autonome est l’incapacité actuelle à imaginer le progrès hors d’évolutions technologies bouleversantes, privées et chères : il est plus facile d’imaginer le déploiement d’une technologie futuriste qui n’existe pas au-delà des labos où elle est testée que d’envisager l’expansion d’une technologie qui est déjà largement utilisée à travers le monde, telle le train. Nous en serions ainsi venus à ce qu’une technologie hautement spéculative, financée par des sociétés privées, soit vue comme un futur plausible, alors que les technologies ordinaires, financées par nos gouvernements sont vues comme irréalistes et impossibles. Pour l’auteur, nous avons le choix entre l’action collective ou les solutions individuelles que seuls les plus riches pourront s’offrir. Un moyen de remettre le débat autour de la voiture autonome dans une perspective plus large sur le choix de société pour lequel nous voulons opter. Le facteur humain à améliorer n’est pas que celui capable de piloter la machine, c’est aussi celui capable de décider quelle société et quel avenir il souhaite mettre en place…
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