Brèves prospectives

DE LA BRETAGNE AU LIMOUSIN, LES COMPAGNIES MINIÈRES DÉBARQUENT EN FRANCE

La dernière grande mine d’or, au nord de Carcassonne, a fermé en 2004. Dix ans plus tard, géologues et compagnies minières s’intéressent à nouveau au sous-sol hexagonal, et pas seulement pour les gaz ou huiles de schiste. Car la fièvre minière est de retour en France, dopée par la perspective de produire des métaux et de l’or « made in France ». Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a autorisé la société Variscan Mines à prospecter dans la Sarthe et la Mayenne sur 205 km². Cette société, financée par des capitaux australiens, néo-zélandais, et des fonds d’investissements basés à Singapour, prévoit d’investir 11 millions d’euros pour évaluer des gisements potentiels de métaux (cuivre, zinc, plomb) ainsi que les ressources en or ou en argent dans les Pays de la Loire. Dans la Creuse, une autre société, Cominor (filiale du groupe La Mancha Resources, basé au Canada et détenue par un milliardaire égyptien), sollicite elle-aussi un permis portant notamment sur la prospection d’or, de cuivre, d’argent, de zinc et d’étain. Avec l’envolée du prix des matières premières, liée à une pénurie annoncée, des gisements de métaux délaissés deviennent désormais rentables. Et cette montée des cours s’accompagne d’un contexte politique jugé favorable par les compagnies minières, avec une révision accommodante du code minier. Les promesses d’emploi liés à l’exploitation ( 150 emplois de mineurs et 500 emplois induits dans la Sarthe en 5 ans) ne convainquent pas tout le monde, ce embauches n’étant pas forcément locales et risquant de détruire les emplois préexistants dans les secteurs directement affectés par les impacts environnementaux, comme l’agriculture ou le tourisme. Des doutes s’élèvent aussi vis à vis des garanties écologiques, dans le souvenir des traces indélébiles laissées par l’activité et alors que des permis ont été accordés en pleines zones Natura 2000 (l’extraction de l’or par exemple nécessite des centaines de litres d’eau à la seconde et l’utilisation de produits chimiques toxiques qui provoquent l’apparition d’arsenic). A la différence du siècle dernier, si cette fièvre, qui concerne toute l’Europe, a des conséquences environnementales, les interlocuteurs seront lointains, voire inaccessibles.

Lire l’article

Commentaires fermés sur DE LA BRETAGNE AU LIMOUSIN, LES COMPAGNIES MINIÈRES DÉBARQUENT EN FRANCE