LA VENTE DE PASSEPORTS POUR L’EUROPE, OU LA RECHERCHE D’UN CERTAIN CAPITAL HUMAIN
Les citoyens d’origine extra-communautaire ont plusieurs moyens d’obtenir un passeport européen. L’un est que leur pays adhère à l’Union européenne. Un autre moyen est de braver les flots de la Méditerranée en espérant finir par obtenir l’asile politique. Un troisième est de signer un chèque. Chypre propose un passeport pour 3 millions d’euros et en Grande-Bretagne, une procédure permet aux personnes qui y investissent plus d’un million de livres de décrocher un permis de séjour à durée indéterminée qui leur permet ensuite d’obtenir la nationalité britannique. Néanmoins, le projet maltais lancé le mois dernier, proposer la nationalité maltaise moyennant 650 000 euros, est le plus explicite de tous. Cette décision de Malte met en évidence deux vérités essentielles : malgré la crise financière, le passeport européen reste l’un des plus désirés au monde ; et le capital humain a aujourd’hui autant de valeur que le capital financier. Voilà une génération de cela, les pays se bagarraient pour attirer les entreprises étrangères qui construiraient des usines chez eux en leur offrant souvent des subventions pour le faire. Aujourd’hui, la nouvelle cible est le capital humain (les gens riches, intelligents et talentueux), beaucoup plus difficile à faire passer les frontières. Le projet maltais constituerait ainsi un moyen officiel et légal d’obtenir la nationalité d’un pays, contrairement au système en vigueur qui est capricieux et, en dépit de tous les efforts déployés pour prouver le contraire, assez arbitraire. Il pousse également l’Europe à répondre à quelques questions épineuses : qui veut-elle attirer et de qui ne veut-elle pas ?
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