LE SYSTÈME ALIMENTAIRE DE TORONTO PIONNIER DE LA DURABILITÉ
Depuis une vingtaine d’années, la ville de Toronto s’est associée à un conseil de citoyens pour réfléchir à un système alimentaire urbain durable. Ce conseil de citoyens, qui rassemble techniciens, chercheurs, associatifs, agriculteurs, industriels, a fait le constat d’un système agro-industriel pernicieux, à cause de sa dépendance énergétique d’abord (l’approvisionnement de la ville repose sur des aliments qui parcourent en moyenne 4500 kilomètres). A cause des problèmes sanitaires exponentiels ensuite : ce système produit trop de calories, mais des aliments trop pauvres en nutriments. Autre paradoxe, les agriculteurs de la ceinture verte autour de la ville, malgré des bonnes terres et un marché urbain gigantesque, vivent avec à peine 8 000 dollars canadiens par an. Chaque mois, le Toronto Food Policy Council se réunit donc pour inventer des solutions locales à ces nombreuses contradictions. Par exemple, il a développé des jardins communautaires dans des espaces publics, et la municipalité a ensuite pris le relais en inventoriant les espaces disponibles. La ville a également lancé une cartographie des déserts alimentaires, ces quartiers qui n’ont pas de commerces de détail suffisants et qui incarnent une double peine pour leurs habitants (des produits trop chers et trop éloignés), et propose pour y remédier des camions de primeurs mobiles. Une association s’est même spécialisée dans l’offre d’approvisionnement local et fait se rencontrer fournisseurs locaux et collectivités et entreprises. Dans un contexte budgétaire morose, cette implication d’organisations publiques et privées à tous les niveaux du système alimentaire s’avère d’autant plus efficace, et permet aussi de suivre les évolutions à l’œuvre dans la ville : des agriculteurs locaux peuvent ainsi réorienter leur production pour l’adapter au plus près de la demande, notamment des nouveaux arrivants (choux chinois, coriandre…). Cette réorganisation du système alimentaire présente un véritable enjeu pour l’économie locale, puisque des initiatives publiques et associatives supportent diverses entreprises artisanales qui produisent, distribuent et vendent de la nourriture pour récupérer une plus grande part des 7 milliards dépensés pour l’alimentation dans la ville chaque année. Si aujourd’hui, le système agro-alimentaire de Toronto reste dominé par les grandes compagnies, le ton est optimiste sur la progression de la souveraineté alimentaire de la ville grâce à ce réseau touffu d’organisations.
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