LES RESSOURCES CONVOITEES DE LA MONGOLIE
Si l’image de la Mongolie est celle d’une terre d’éleveurs et d’agriculteurs, les ressources du pays résident en réalité davantage dans son sous-sol. Au sein d’immenses mines à ciel ouvert qui creusent le désert de Gobi, ce pays dispose non seulement d’assez de charbon pour alimenter l’énorme demande de la Chine dans les cinquante prochaines années, mais aussi de vastes trésors de cuivre, d’or, d’uranium et autres minéraux que le monde entier convoite. Au point d’attirer massivement les investisseurs étrangers, sous la pression de ses deux puissants voisins, Pékin et Moscou. L’exploitation de ces colossales réserves devrait être à l’origine du grand « boom minier » attendu pour 2013, qui pourrait changer la face du pays. Déjà l’an dernier, l’investissement étranger a fait bondir la croissance à 17,3 % contre 6,4 % en 2010. Et la tendance devrait se poursuivre, avec des prévisions de 20 % de croissance pour l’an prochain et un PIB qui doublerait tous les deux ans. Mais, au-delà de la question de la pollution liée à l’intense extraction minière, cadet des soucis d’un pays qui cherche à se développer économiquement, le principal enjeu se révèle être la répartition des richesses produites, dans un pays où 30 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. L’an dernier, l’investissement étranger n’a profité qu’à une faible minorité des 2,8 millions de Mongols tandis que des fortunes colossales s’édifiaient. La frustration et l’irritation se sont alors fait sentir au sein de la population. Mais les marges de manœuvre sont faibles : sans l’aide étrangère les mines resteraient inexploitées. La Mongolie se sait en outre vulnérable au quasi-monopole de Pékin sur ses exportations (90 %), au point d’avoir accepté une réduction de 30 % sur ses produits miniers par rapport aux prix du marché. Et si Oulan-Bator s’est récemment tourné vers les Etats-Unis pour diversifier ses clients, l’enjeu de la protection de ses ressources et de sa souveraineté reste le même tant les Américains, à l’instar des Russes ou des Chinois, sont d’intenses consommateurs d’énergie.
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