VERS UN MODÈLE LATIFUNDIAIRE DE L’AGRICULTURE MÉDITERRANÉENNE ?
Dans la région de Manolada, en Grèce, des exploitants agricoles ont ouvert le feu sur les travailleurs migrants venus réclamer leur paie, après 6 mois sans paie. Trente d’entre eux ont été blessés. Ou comment, en 2013, des esclavagistes modernes sévissent en toute impunité en Europe. Cette fusillade vient violemment rappeler ce qui se joue dans cette région de Grèce. Plus de 2000 personnes, pour la plupart sans-papiers, travaillent dans les propriétés agricoles toute l’année, en dehors de toute légalité, corvéables à merci, sans protection sociale, invisibles aux yeux des autorités locales, vivant dans des conditions d’un autre siècle. Dans la région, ces exploitations agricoles sont de véritables zones de non droit. Toutes les autorités locales ou gouvernementales ferment les yeux. Et les quelques incursions de journalistes se sont terminées, elles aussi, à l’hôpital. Une véritable économie souterraine et mafieuse s’est installée. A la manœuvre, des patrons grecs qui ressemblent de plus en plus à des latifundiaires, escortés de « bravoi » ou de « pistoleroi » chargés de surveiller, souvent fusil au poing, cette masse de quasi-esclaves. En Grèce, d’autres régions ou secteurs économiques sont devenus totalement dépendants de ce dumping social poussé à l’extrême, au détriment d’une cohorte de pauvres hères : la plaine de Marathon et ses cultures maraîchères cultivées par les Pakistanais, les fermes marines et leurs employés indiens, la pêche et ses marins égyptiens… Cette fusillade se retrouve ainsi être la marque à la fois d’une politique migratoire incohérente, devenue une véritable bombe à retardement, et d’une certaine économie européenne, en expansion mais néanmoins bombe également…
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